Storm Of Capricorn专辑介绍：Storm of Capricorn, duo français de musique synthétique à dominante néo-classique, donne ici suite à une démo, un premier EP audacieux ainsi que diverses apparitions sur des compilations (le tout intégralement téléchargeable via le site du groupe). « Retours des Tranchées » développe un concept ciblé et remarquablement illustré dans les visuels de ce fin digipack : l’hommage aux hommes et aux femmes qui ont traversé les affres de la Première Guerre Mondiale. Plutôt que de se fourvoyer dans l’éloge dévot du fait militaire, Serge (Neon Rain) et Céline s’expriment à travers les yeux de ceux qui souffrent. Un retour contextuel et ému sur la tragédie, formidablement mis en valeur par des orchestrations humbles, des textes simples mais pénétrants, et une narration éminemment blessée, sans aucun effet d’hyperbole. Un morceau comme « Ultime Lever de Soleil » situe d’emblée le décor : les no man’s lands, les tranchées, la boue. Superposition de nappes de clavier douces-amères, arrivée d’une narration stoïque mais âpre dans ses mots. La musique, solennelle et distante de tout héroïsme fantoche, a valeur de long plan-séquence au-dessus des lignes avant le premier assaut matinal, les grappes de soldats anonymes sous leurs caches-poussière, les visages d’argile, les regards vides qu’un soleil blême ne ravive plus, les gestes machinaux répétés une énième fois, peut-être la dernière. Il faut attendre cinq minutes pour que l’oraison accueille un liseré de percussion atone, signifiant que finalement le combat n’est rien de plus que l’estuaire de cette attente misérable qui détruit un homme plus durablement qu’un éclat de grenade – et que demain tout sera pareil, et pourtant différent car un camarade sera parti. Plus loin « Des Visages dans la Boue » reprend ce schéma de manière plus figurée et plus dure dans le texte, réservant de belles passades vocales entre les deux protagonistes. Sans doute le titre pivot de l’album. « Honneur à nos Braves » présente un profil plus ornementé, laissant quelques instants le pathétique de côté pour côtoyer une ambiance plus folk et « populaire », tout à fait dans l’esprit d’un lendemain de bataille victorieuse dans un village. Accueil triomphal mais quelque part contrit. Bien sûr tout n’est pas la perfection même. Le niveau des titres discutés ci-dessus ne se maintient pas d’un bout à l’autre – « Peloton », plage synthé/percus un peu anecdotique, « Veuves de Guerre », baisser de rideau en demi-teinte jusqu’à un dernier quart joliment enlevé. Et puis ne perdons pas de vue qu’il s’agit d’un projet tout synthé, et qu’inévitablement cela se ressent fortement en certains endroits (les climax grinçants de « Au Travers de la Brume »…). Mais bien que Storm of Capricorn ne dispose pas encore de l’arsenal de sonorités et d’ampleur d’un The Protagonist, le caractère de l’écriture et la crédibilité indiscutable du rendu global font de cet album le contrepoint « philanthrope » idéal aux essors martiaux des Puissance et autres Triarii. Saluons aussi l’initiative d’encadrer l’album par deux extraits très bien choisis de chansons d’époque, une aide précieuse pour s’imprégner d’autrefois comme on ouvrirait un antique album de photos jaunies, fasciné par des vies et des quotidiens antérieurs aux nôtres.